On dénombre une grande variété de plasmas dont la création, le contrôle et la compréhension sont étroitement liés aux installations et aux technologies de pointe associées et également aux simulations numériques des processus aux échelles microscopiques ou macroscopiques. Ci-dessous un florilège … non exhaustif … de différents contextes.
Plasmas de fusion par confinement inertiel
Développement de méthodes de calcul performantes en hydrodynamique des plasmas : les calculs en fusion inertielles sont réalisés avec la méthode Lagrangienne. Afin de décrire des écoulements avec vorticité et cisaillement importants, la robustesse de cette méthode a été améliorée. La figure jointe montre la performance de la nouvelle méthode de régularisation de maillage ReALE (reconnection based arbitrary Lagrangian Eulerian) qui permet de construire un maillage évolutif au moyen de polygones de Voronoï. Il s’adapte naturellement aux grandes déformations de l’écoulement liées par exemple au développement d’instabilités de type Kelvin-Helmholtz. Crédit : J Breil, S. Galera, P-H Maire, CELIA, Computers & Fluids 46, 161 (2011) |
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Lissage laser avec une mousse sous-dense : dans l’attaque directe en fusion inertielle, les inhomogénéités de l’intensité laser peuvent induire des perturbations de pression et amorcer les instabilités hydrodynamiques qui altèrent la performance de la cible. L’utilisation d’une mousse de basse densité devant la cible permet de lisser le faisceau laser et de réduire la croissance des instabilités hydrodynamiques. La figure donne l’émission optique qui met en évidence le front d’ionisation induit par l’impulsion laser dans une mousse. Crédit : Ph. Nicolaet al., CELIA, Phys. Plasmas 19, 113105 (2012) |
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Simulations cinétiques de la diffusion Raman stimulée pour l’allumage par choc : l’allumage par choc en fusion inertielle fonctionne dans le domaine d’intensités laser où les processus paramétriques peuvent contribuer à l’absorption de l’énergie laser et la génération des électrons chauds. Ces processus sont étudiés dans des simulations cinétiques complètes en utilisant des ordinateurs à haute performance. La figure montre la distribution angulaire et spectrale de la rayonnement laser diffusé du à l’instabilité Raman. Crédit : C. Riconda, S. Weber, V.T. Tikhonchuk, A. Heron, LULI-CELIA-CPHT, Phys. Plasmas 18, 092701 (2011) |
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Interprétation d’expérience d’allumage par choc avec le laser OMEGA de U. Rochester (USA) : dans le cadre de l’étude du concept de l’allumage par choc, des expériences ont été menées pur étudier l’effet d’un choc convergent sur la compression d’une cible de deutérium cryogénique et la production des neutrons. 40 faisceaux répartis de façon uniforme ont été utilisés pour comprimer la cible et 20 faisceaux ont été focalisés sur un dodécaèdre pour lancer le choc. Des simulations hydrodynamiques 2D montrent l’état de la cible à la stagnation, les instabilité de Rayleigh-Taylor dont les modulations sont bien visible ont été mesurées expérimentalement et comparées au code. Un accord sur la forme de la modulation est claire, cependant, le code surestime la compression de la cible. Crédit : . Theobald et al., Phys, Plasmas 19, 102706 (2012) |
Plasmas denses
Densité électronique de d’aluminium détendu à 1.4 g/cm3 et à 10 000 K : résultat d’une simulation de dynamique moléculaire quantique. Crédit : J. Clerouin – CEA/Bruyères/DPTA – 2012 |
Plasmas magnétisés et fusion par confinement magnétique
Instantanés de la pression issus de simulations numériques de la turbulence au bord d’un tokamak : sur la figure, le « trou » au milieu représente le centre du plasma exclu de la simulation. En haut : sans barrière de transport, en bas : avec barrière. Dans les expériences de fusion thermonucléaire par confinement magnétique, des instabilités microscopiques du plasma confiné sont inévitables du fait de la présence de gradients de densité, température et pression. Ces instabilités engendrent une micro-turbulence dans laquelle des tourbillons (cellules de convection) augmentent considérablement le transport de matière et de chaleur du centre du plasma vers le bord. Ce transport turbulent provoque une détérioration du confinement du plasma.Cependant, une auto-organisation de la turbulence peut considérablement améliorer le confinement : la turbulence génère un écoulement à grande échelle qui a un effet stabilisant sur la turbulence ! Dans les expériences de fusion par confinement magnétique, ce mécanisme d’auto-stabilisation est utilisé de façon systématique pour atteindre un régime de confinement amélioré. Dans ce régime de fonctionnement prévu pour les futures machines à fusion, le confinement est considérablement amélioré par la présence d?une mince couche au bord du plasma dans laquelle la turbulence est fortement réduite. Cette couche est appelée barrière de transport. Une barrière de transport n’est généralement pas stable mais relaxe quasi-périodiquement. Dans les expériences de taille d’ITER, pour que le flux de chaleur associé à ces relaxations reste dans la limite tolérables par les éléments de la paroi, il est nécessaire de les contrôler. Il a été démontré expérimentalement qu’un tel contrôle peut être réalisé à l’aide d’une perturbation magnétique induite de l’extérieur, engendrant des structures appelées îlots magnétiques. Crédit : P. Beyer – Aix-Marseille Université |
Etude de la physique des gaines RF dans un plasma magnétisé – Dispositif ALINE : Le plasma est initié par une antenne capacitive RF alimentée par un amplificateur large bande (10kHz-250MHz), donc capable d’explorer un large domaine de fréquences caractéristiques pour les décharges plasma. Le champ magnétique peut aller jusqu’à 0,1 Tesla. Les électrons et les ions peuvent être chauffés (ECRH et ICRH). L’objectif est d’étudier les gaines RF apparaissant devant une antenne de chauffage. Crédit : E. Faudot / S . Devaux – IJL / Université de Lorraine |
Simulation de la propagation d’une onde dans un plasma turbulent : Surfaces de champ constant. Des outils complexes, comme le code 3D REFMULF, nécessaires à l’établissement de la fonction de transfert, doivent être optimisés dans le but de décrire la propagation des trois composantes du champ électromagnétique de l’onde dans un plasma pouvant présenter des gradients d’indice extrêmement importants. Cet outil permet de regarder l’effet de la turbulence sur les systèmes de chauffage à la fréquence cyclotron électronique, et d’extraire les échelles de longueur typiques de la turbulence. Crédit : S. Heuraux – IJL / Université de Lorraine |
Fluctuations de la fonction de distribution électronique dans un cas turbulent 1D : Simulation de la dynamique d’un plasma chaud, visualisée dans l’espace des phases (espace virtuel qui couple l’espace réel et l’espace des énergies). Les particules du plasma suivent ces contours. Crédit : M. Lesur – IJL / Université de Lorraine |
Technologies
Enceinte de tokamak : Dans les tokamaks utilisés pour confiner et chauffer les plasmas via la voie du confinement magnétique, on trouve une enceinte torique constitué de métal ou de fibres carbonées capable de tenir de fortes puissance thermique par unité de surface. Ci-contre l’enceinte du tokamak Tore Supra à Cadarache. Crit :P.Stroppa – CEA/Cadarache,/IRFM 2009 |
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Injecteur de glaçon de deutérium : cet injecteur du tokamak Tore Supra à Cadarache permet d’entretenir la densité du plasma pendant plusieurs minutes, en injectant des glaçons de deutérium. Crédit : P.Stroppa – CEA/Cadarache/IRFM |
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Source de rayonnement X : Par impact d’une impulsion laser sur une cible, un plasma se crée et peut se transformer en source dans l’extrême UV EXULITE utilisé pour la photo-lithographie. Crédit : P.Stroppa – CEA/Saclay, 10/2005 |
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Aimant supraconducteur : Pour confiner le plasma dans le concept de la fusion magnétique, un des scénarios est d’utiliser un confinement torique par un champ magnétique généré par des bobines non planes, suivant le concept de stellerator. Sur la photo, l’aimant supraconducteur du stellarator W7X en test avant montage sur la machine à Greifswald en Allemagne. Crédit : CEA/DSM/Saclay/IRFU |
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Refroidissement d’aimants supraconducteurs : La boucle HELIOS (Helium loop for high load smoothing) est développée pour étudier le lissage des charges thermiques variables reçues par les systèmes cryogéniques des futurs réacteurs de fusion JT60-SA et ITER. Pour le réacteur japonais JT60-SA, l’objectif est d’absorber des puissances crête d’environ 12 kW avec une puissance de refroidissement moyenne sur un cycle plasma de 6 kW. HELIOS fonctionne avec une convection forcée d’hélium supercritique à 4,4 K et sous une pression de 5 bars. Credit : CEA/Grenoble/INAC, 2010 |
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Injecteur de Neutres (IdN) d’ITER à 1 MeV. L’extraction et le transport des ions négatifs de la source plasma sous l’effet d’un fort champ électrique a été simulée par le code ONIX (Orsay Negative Ion eXtraction). Est représentée l’efficacité de l’extraction d’ions négatifs sans plasma (gauche) et en présence d’un plasma (droite) calculée à l’aide du code ONIX. L’efficacité de l’extraction diminue en présence du plasma car le champ électrique est écranté Crédit : LPGP / CNRS-Université Paris-Sud |
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Modélisation de l’endommagement laser de matériaux optiques en régime nanoseconde : les lasers de puissance sont constitués de matériaux optiques pouvant s’endommager sous flux laser intense. Afin d’augmenter cette tenue au flux, les mécanismes physiques de l’endommagement sont étudiés. On montre en particulier qu’il y a un couplage entre formation de défauts et diffusion de la chaleur, ce qui donne lieu à la naissance d’un front d’absorption se propageant à une vitesse sub-sonique. La figure montre l’évolution de la position du front d’absorption en fonction du temps. Crédit : G. Duchateau, M.D. Feit, and S.G. Demos, J. Appl. Phys 111, 093106 (2012) |
Accélérateurs
Ultra-hautes intensités laser
Plasmas naturels
Héliomagnétisme : sont représentés des résultats de simulation numérique, (en haut) les lignes de champ magnétique dans la couronne solaire, le fond d’image représentant la composante radiale du champ magnétique près de la surface de la zone convective. (en bas) la composante longitudinale du champ magnétique. Les étoiles sont de grosses sphères fluides et chaudes, tournant sur elles-mêmes et montrant de la turbulence avec de nombreux phénomènes de convection et baignant dans un champ magnétique auto-induit. Crédit : A.S.Brun – CEA/Saclay/IRFU |
Procédés
Torche à plasma : les torches à plasma sont des installations qui par un champ magnétique oscillant permettent de maintenir une zone de plasma à plus de 3000°. Elles permettent de conditionner des déchets pulvérulents, des boues, … qui ont des compositions chimiques compliquées ne facilitant pas leur traitement par des procédés plus conventionnels comme la cimentation. Elles permettent de projeter des poudres nanométriques ou bien d’assurer un dépôt sur un matériau comme dans la photo ci-contre, avec un plasma produit à partir d’un gaz d’argon. Crédit : F. Vrignaud – CEA/Le Ripault, 2010 |
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Réacteur à plasma : il permet le dépôt de multicouches sur substrat mince par pulvérisation cathodique.
Crédit : P.Stroppa – CEA/Ganil-Caen |
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LIBS : Laser Induced Breakdown Spectroscopy. Elle permet l’analyse chimique d’un échantillon de matériau solide par impact d’une impulsion laser qui transforme une mince épaisseur de surface de l’échantillon en un plasma qui émet une lumière que l’on analyse par spectroscopie.
Crédit : P.Stroppa – CEA/Saclay, 10/2005 |
Applications médicales
Développement d’une méthode de calcul de dose à des fins médicales : des algorithmes de dépôt de dose performants et rapides sont nécessaires pour améliorer les procédés de traitement en radiothérapie. Le modèle déterministe de transport de particules fondé sur la résolution de l’équation de Fokker-Planck conduit à des calcul de meilleure qualité dans les tissus hétérogènes comme l’os cortical ou le poumon comparativement à des logiciels commerciaux de type « Pencil Beam ». La figure montre l’isodose de dépôt d’électrons (rouge) se propageant à travers le torse dont on voit les os (en gris).
Credit : B Dubroca – CELIA, 2012 |